La politique industrielle proactive du président américain Joe Biden a été mise en avant dans une analyse géopolitique menée par l’assureur-crédit français Coface, en collaboration avec l’Institut français des relations internationales (IFRI).
Malgré son image en lambeaux et l’hystérie du débat politique national, le Président Biden a amorcé une véritable révolution dans le pays depuis 2021: sa politique industrielle volontariste (Infrastructure Act, Inflation Reduction Act, Chips Act) signe la fin du cycle libéral initié par Ronald Reagan il y a 40 ans, constituant un véritable tournant dans la lutte contre le changement climatique.
Cependant, Coface et l’IFRI considèrent que les Européens devront obtenir un certain assouplissement des mesures protectionnistes de l’Inflation Reduction Act (IRA).
Si une vision manichéenne du monde lui permet de soutenir l’Ukraine et Taïwan contre les régimes russe et chinois, l’imbrication économique et financière du pays avec la Chine complique les calculs économiques stratégiques du gouvernement.
Bien qu’il soit le leader incontesté du Parti communiste, Xi Jinping doit faire face à d’importants défis économiques et sociaux. La fin de la politique du «Covid-zéro» et la réouverture des frontières pourraient être perçues comme une ouverture.
Cependant, la même analyse indique que le rejet précipité des mesures sanitaires draconiennes introduites en 2020 pourrait saper la confiance du public dans le Parti, ainsi que celle des acteurs économiques étrangers envers la Chine, devenue un marché risqué, surtout lorsque les nouvelles mesures américaines de contrôle des exportations de semi-conducteurs pourraient affaiblir l’écosystème d’innovation chinois.
Politique industrielle
De plus, la proximité des élections présidentielles de Taïwan en janvier 2024 ne risque pas de réduire la pression militaire chinoise dans le détroit.
Dans le même temps, l’économie russe survit grâce à la politique de la banque centrale et à l’évitement des sanctions avec la complicité confirmée ou suspectée de pays comme la Turquie et la Chine.
Cependant, l’embargo pétrolier européen et le plafonnement des prix menacent la stabilité budgétaire.
En Ukraine, la ligne de front stabilisée malgré les batailles de Bajmut et Soledar pourrait être ébranlée par une nouvelle offensive russe et il n’y a pas de négociations de paix en vue.
La livraison par l’Occident de plus en plus d’armes lourdes comporte des risques d’escalade.
Peu probable à court terme et par définition difficile à anticiper, une voie possible serait le départ, organisé ou forcé, de Vladimir Poutine, affaibli aux yeux des élites russes par les erreurs de sa stratégie et les risques de guerre pour le pays, ajoutent Coface et l’IFRI.
La compétition régionale se poursuit en Afrique du Nord/Moyen-Orient dans le contexte du retrait américain.
Les régimes des pays producteurs de pétrole et de gaz profitent de la hausse des prix liée à la guerre en Ukraine pour consolider leur position (Algérie, Égypte) et s’engager dans la transition verte (Arabie saoudite, Émirats arabes unis, Qatar).
Dans le même temps, le stress climatique s’intensifie, et avec lui l’insécurité alimentaire et les troubles sociaux.