Selon les données de la Conférence des Nations unies sur le commerce et le développement (CNUCED), Shell et BP sont en tête des désinvestissements d’actifs fossiles.
Poussées par des objectifs climatiques, des risques de réputation et des considérations financières, les grandes multinationales de l’énergie se sont engagées à donner la priorité aux stratégies de décarbonisation et à réduire leur dépendance à l’égard des actifs liés aux combustibles fossiles.
Au cours des cinq dernières années, les multinationales de l’énergie figurant dans le classement des 100 premières entreprises de la CNUCED ont cédé des actifs liés aux combustibles fossiles à un rythme d’environ 15 milliards de dollars par an, Shell (Royaume-Uni) et BP (Royaume-Uni) étant en tête de cette tendance.
Les désinvestissements ont atteint leur apogée en 2021, lorsque les ventes d’actifs liés aux combustibles fossiles par les huit premières multinationales de l’énergie ont représenté plus de 16% de la valeur totale des échanges d’actifs pétroliers et gaziers.
Toutefois, la CNUCED a indiqué que cette tendance au désinvestissement s’est inversée l’année dernière, les grandes compagnies pétrolières ayant ralenti leurs ventes en raison des prix élevés de l’énergie.
Shell et BP
Le désinvestissement ne signifie pas que les champs pétroliers, les usines de gaz et les autres actifs en amont cesseront d’être exploités.
La partie qui achète ce que les grandes compagnies pétrolières vendent s’efforce généralement de rendre cet actif aussi rentable que possible.
Cela signifie souvent qu’il faut améliorer la productivité globale de l’actif de combustible fossile, notamment en essayant d’augmenter la production ou de prolonger la durée de vie de l’actif.
Un autre problème est que les acheteurs ont souvent des objectifs de réduction des émissions plus faibles, voire inexistants, et des normes d’information sur le climat moins strictes, notamment dans le cas des entreprises privées (non cotées en bourse) ou des petites entreprises.
Il serait alors difficile de suivre les émissions de pétrole et de gaz, ce qui ralentirait la transition énergétique.
Tendance
La part des investisseurs non cotés dans les actifs liés aux combustibles fossiles a augmenté entre 2016 et 2020, bien que les transactions réalisées par les grandes compagnies pétrolières et gazières aient inversé la tendance en 2021 et 2022.
Cette tendance pourrait être sous-estimée, étant donné que la valeur des transactions privées n’est souvent pas divulguée.
Les deux tiers des investisseurs privés sont des sociétés d’investissement et de gestion, des fonds et des sociétés de capital-investissement.
Il s’agit également de petites entreprises énergétiques indépendantes (dans environ 20 % des cas) et de négociants en matières premières tels que Trafigura (Singapour) ou Vitol (Suisse).
Par exemple, parmi les ventes les plus importantes que les grandes multinationales du pétrole et du gaz ont conclues ces dernières années, on peut citer la vente par Shell de ses actifs en mer du Nord à la société de capital-investissement EIG Energy Partners (États-Unis) pour 3,8 milliards de dollars en 2017 et la vente par ExxonMobil de ses actifs en mer du Nord au groupe de capital-investissement HitecVision (Norvège) pour 1,3 milliard de dollars en 2021.